1884a(38)

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    Lecture 38. Introduction. De la logique

    1. Qu'est-ce que la logique?
      1. Définition de la logique
      2. Rapports de la logique et de la psychologie
        1. Elles diffèrent par leurs objets\
        2. Elles diffèrent par leurs point de vue
        3. Comment la logique se rattache à la psychologie
        4. Comment la psychologie se rattache à la logique
    2. De l'utilité de la logique
      1. Une science est légitime quand même elle n'a qu'un intérêt spéculatif
      2. Intérêt spéculatif de la logique
      3. Intérêt pratique de la logique
    3. La logique est-elle une science?
      1. La logique est à la fois une science et un art
      2. Comparaison à ce point de vue de la logique, la métaphysique, la morale
    4. Divisions de la logique
      1. Logique générale ou formelle
      2. Logique particulière, appliqué, ou Méthodologie


    Lecture 38. Introduction. De la logique

    La logique est la science qui détermine les règles que doit suivre l'esprit pour arriver à la vérité. La logique se distingue donc de la psychologie, d'abord par l'étendue de son domaine, car elle ne s'occupe que d'une catégorie déterminée d'états de conscience, l'intelligence, ne connaît qu'une faculté de ce moi que la psychologie décrit sous tous ses aspects. De plus le point de vue de ces deux sciences diffère: la psychologie n'a d'autre but que de faire connaître spéculativement l'esprit; la logique étudie non plus pour savoir, mais pouvoir; elle se demande comment pratiquement l'on doit s'y prendre pour parvenir à la vérité. La psychologie montre comment les choses se passent, la logique comment elles doivent se passer pour atteindre le but que se propose cette science.

    Mais si la logique est distincte de la psychologie, elle n'en a pas moins avec cette science d'étroits relations: d'abord, dans l'une comme dans l'autre, c'est de l'homme qu'il s'agit. La logique applique à une fin particulière les conclusions de la psychologie. La science théorique précède nécessairement la science pratique. Il faut savoir ce qu'est l'intelligence avant de chercher à s'en servir.

    De plus, l'intelligence n'est pas une faculté isolée dans le moi, agissant seule; elle agit toujours de concours avec les autres facultés. Nous verrons que la volonté et la sensibilité jouent un rôle dans les phénomènes spirituels. La logique doit donc être précédée de la psychologie.

    Et pourtant la psychologie suppose en quelque sorte la logique, car celle-ci traite de la théorie de la certitude, qui est le fondement de toute science. Cette importance est si grande que sans la nécessité de faire tout d'abord un inventaire complet des états de conscience, il eût fallu mettre la logique en tête de la philosophie.



    On a quelquefois contesté l'utilité de la logique. Elle détermine, dit-on, comment il faut faire pour bien raisonner. Mais ne le sait-on pas naturellement? A-t-on besoin de connaître le mécanisme du syllogisme pour faire une déduction juste? La logique naturelle, innée à tous les esprits, rend inutile cette logique artificielle, compliquée, obscure, et qui n'a jamais ni amélioré les esprits faux ni fait faire de progrès à la science.

    A cette objection on pourra répondre d'abord qu'une science n'a pas besoin d'avoir une utilité pratique. Quand même la géométrie n'aurait pas lieu d'appliquer ses principes, elle aurait encore droit à l'existence comme science pure. Il y a dans l'esprit un besoin de comprendre inné, et toute science qui le satisfait, pratique ou non, fait une oeuvre bonne et utile. Il en est de même de la logique. Quand bien même elle serait sans application, elle aurait encore le droit d'exister comme science pure, pourvu qu'elle parvînt à nous faire connaître son objet, les lois que suit l'esprit quand il raisonne juste, ce que c'est que raisonner juste. Il y a un intérêt tout spéculatif il est vrai, à connaître la solution de ses problèmes, et cet intérêt suffit à la légitimer.

    Mais la logique a de plus un intérêt pratique. Si naturellement les hommes raisonnent bien, il ne leur est pas impossible de se tromper, de mal raisonner. L'instinct nous inspire des jugements faux aussi bien que justes. Le meilleur moyen de nous garantir de l'erreur est donc de déterminer la nature de la vérité, de l'erreur, de leurs conditions. Alors, munis de ces renseignements nous pourrons distinguer avec plus de sûreté le vrai du faux.

    Mais dira-t-on, dans bien des cas on se serait moins trompé en faisant moins de logique et en raisonnant moins subtilement. De ce qu'il y a eu des abus de la logique, est-ce une raison pour la proscrire? Pour un cas où l'on s'est trompé par excès de logique, combien de cas où l'on a erré faute d'elle! Ne nous laissons donc pas intimider par quelques exemples troublants qui prouvent seulement que de la meilleure des choses on peut faire mauvais usage.

    La logique est donc à la fois une science, puisque elle se propose d'expliquer un objet déterminé: le raisonnement; un art, car les sciences étudient leurs objets sans avoir un but pratique, ni font que constater ce qui est sans chercher ce qui doit être si on veut réaliser tel ou tel but. Or, la logique se pose cette dernière question.

    Ce caractère de la logique se manifeste surtout dans la partie de cette science qui traite de la méthode: la logique est là plus que jamais une science appliquée, un art.

    Ce double caractère de la logique marque encore une différence avec la psychologie; cette dernière est une science et rien qu'une science, celle des états de conscience: la morale, la logique ont au contraire le double aspect d'art et de science. Car d'une part elles expliquent leur objet et de l'autre elles appliquent à la pratique les lois ainsi déterminées.


    La logique se divise en deux grandes parties:

    Dans la première elle étudie les règles que suit l'esprit dans le raisonnement sans s'appliquer à chercher les différentes manières dont doivent être appliquées ces règles; elle examine comment se comporte l'esprit pour arriver à la vérité.

    C'est la logique générale ou formelle.

    La seconde partie cherche comment doivent être combinés les différents procédés indiqués par la logique générale pour être employés aux différents objets proposés au raisonnement. Cette seconde partie est la logique appliquée, particulière, ou Méthodologie.


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